Colombie 2013

Colombie

Communauté de paix de San José de Apartado

Ce 21 février 2013, la Communauté de paix de San José de Apartado commémorait le massacre perpétré huit ans plus tôt par l’armée et les paramilitaires dans les hameaux de Mulatos et La Resbalosa.
Fondée le 23 mars 1997 par des paysans de différents hameaux de San José de Apartado, dans la région de l’Uraba, la Communauté de paix est à la fois un foyer de résistance au déplacement forcé de populations civiles et un lieu où se construit, au jour le jour, un autre monde « possible ». Dans la Communauté de paix, la solidarité prévaut sur la recherche du profit, la justice prend le pas sur la raison du plus fort et d’autres façons de produire, respectueuses de l’environnement, sont expérimentées.
Les membres de la communauté se sont engagé à ne pas être partie prenante du conflit, à ne pas porter d’armes, à ne pas fournir d’informations aux parties belligérantes… mais aussi, à ne pas accepter l’injustice ni se résigner à l’impunité dont jouissent les auteurs des innombrables crimes dont les paysans de l’Uraba continuent d’être victime.
Et en plus, ils refusent de céder les terres qu’ils cultivent aux multinationales bananières et autres compagnies minières !
Aussi, depuis la création de la Communauté de paix de San José de Apartado, plus de 170 de ses membres ont-ils été assassinés.
Les meurtriers sont connus.
Si la guérilla est généralement tenue pour responsable d’environ 15% de ces crimes, les 85% restant sont imputables aux groupes paramilitaires et aux forces armées colombiennes qui travaillent main dans la main – quoi qu’en dise le gouvernement, la prétendue démobilisation des groupes paramilitaires, en 2005, n’a jamais eu lieu, et le conseil nouvellement élu de la Communauté de paix de San José de Apartado vient encore de recevoir (ce samedi 23 février 2013) des menaces de mort qui doivent malheureusement être prises très au sérieux.

Les victimes du massacre du 21 février 2005 :
Luis Eduardo Guerra, 35 ans, leader et membre fondateur de la communauté, sa compagne, Bellanira Areiza Guzman, 17 ans, et son fils Deiner Andres Guerra, 11 ans. Alfonso Bolivar Tuberquia, 30 ans, dirigeant du hameau de Mulatos et membre du conseil de paix de la zone humanitaire de Mulatos, sa compagne, Sandra Milena Muñoz Pozo, 24 ans, leurs enfants Santiago Tuberuia Muñoz, 2 ans et Natalia Andrea Tuberquia Muñoz, 6 ans, Alejandro Perez (adulte, n’appartenait pas à la Communauté de paix). Plusieurs des victimes avaient été démembrées à la machette et les corps sommairement camouflés. Les sources officielles ont d’abord tenté d’attribuer le massacre à la guérilla des FARC, mais cette version des faits n’a pas résisté longtemps à l’évidente implication de l’armée colombienne en étroite collaboration avec les paramilitaires du bloc Heroes de Tolova.