Cmbodge 2013

Cambodge

Entreprise de confection Splendid Chance Ltd.

L’usine de la compagnie Splendid Chance Ltd est située à Khan Russey Keo, un quartier de Phnom Penh où sont regroupées de nombreuses entreprises de confection. Elle emploie aujourd’hui environ un millier de salariés (un nombre qui varie d’un jour à l’autre, au gré des commandes), c’est l’une des plus anciennes du Cambodge où elle opère depuis la fin des années quatre-vingt-dix.

La confection représente 85% des exportations cambodgiennes (+ de 90% si l’on prend en compte les fabricants de chaussures de sport) et le nombre de firmes opérant dans ce secteur continue de croître à un rythme soutenu. Toutes travaillent pour l’exportation et ont pour clients les principales enseignes du prêt à porter et de la grande distribution (GAP, H&M, Levi Straus, Zara, Puma, Nike, Wallmart…)

Le Cambodge est considéré – en tout cas l’était jusqu’à ces dernières années – comme un pays relativement respectueux du droit du travail. Il doit cette image de marque à la mise en œuvre conjointe, au début des années 2000, de l’UCTA – United States Cambodia Apparel and Garment Trade Agreement, premier accord commercial conditionnant le libre accès aux États-Unis des vêtements fabriqués au Cambodge au respect du droit du travail et à l’amélioration des conditions de travail dans les entreprises de confection – et du programme Better Factory Cambodia, mis en œuvre par l’Organisation internationale du travail (OIT) en vue de contrôler et d’accompagner la mise en œuvre du code du travail et des différents règlements concernant la santé et la sécurité des ouvriers.

Les marques clientes des entreprises de confection basées au Cambodge ont largement communiqué sur cet argument – « Nous voulons que nos clients puissent être sûrs que tout ce qu’ils achètent chez nous est fabriqué dans le respect des êtres humains et de l’environnement » déclare ainsi Karl-Johan Persson, PDG de H&M – plutôt que celui concernant la faiblesse des salaires (parmi les plus bas du monde) – va-t-en savoir pourquoi !

Depuis la fin de l’UCTA (2005) pourtant, les conditions de travail dans le secteur de la confection ne cessent de se dégrader et, ces dernières années, la tendance s’est accéléré au point que le dernier rapport de Better Factory Cambodia lance un signal d’alarme et constate (pour ne prendre que quelques exemples) que 85% des entreprises ont recours à plus de deux heures supplémentaires par jour, que dans 75% des cas il règne sur les lieux de travail une chaleur excessive (supérieure à la température extérieure) et que les sorties de secours sont obstruées dans 53% des entreprises.
Quant aux augmentations de salaire, elles n’ont pas compensé la baisse du pouvoir d’achat (-16.6% entre 2000 et 2010, elle atteindrait -30% en 2014).

Manifestant une indignation touchante, les acheteurs ont à plusieurs reprises fait part de leur « inquiétude » face à la dégradation de la situation dans le secteur et ont incité les entreprises et le gouvernement cambodgien à réviser régulièrement les salaires… Ils se sont pourtant bien gardé d’offrir une augmentation des prix payés aux producteurs – alors que c’est bien dans la part des marques et des détaillants (environ 65% du prix d’un T shirt) que réside la principale marge de manœuvre. Ce qui fait dire à Mr Lo Koon Piu, directeur de l’entreprise de confection Wing Ying : « que nous payions à nos ouvriers un salaire mensuel de 60 ou de 80 dollars le prix que nous imposent les clients pour nos vêtements est toujours le même ».

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