Singapour 2015

Singapour

Cabotage (4) Singapour

Brève escale à Singapour, la ville qui compte la plus forte concentration mondiale de millionnaires au kilomètre carré.

Ciel uniformément gris – de gigantesques incendies de forêt ravagent depuis plusieurs jours l’île indonésienne de Sumatra, de l’autre côté du détroit de Malacca, et des particules de cendre en suspension génèrent un brouillard qui s’étend jusqu’à Singapour et l’ouest de la péninsule malaisienne.

Singapour : la plus importante concentration mondiale de millionnaires au kilomètre carré, deuxième plus grand port du monde (après Shanghai), troisième au classement des pays par PPA (Parité du pouvoir d’achat / devancée seulement par le Qatar et le Luxembourg), quatrième place financière de la planète (derrière Londres, New-York et Hong Kong, loin devant Paris qui n’arrive qu’en vingtième position).

L’avant-veille (11 juin), était jour d’élection : le parti au pouvoir depuis 1967 a été reconduit à une écrasante majorité.

Attroupement devant le complexe hôtelier de Marina Bay Sands. Je m’approche. Des personnages de Manga côtoient des tripotées de Super, Spider, Iron, Cat, Bat man ou woman, Double-face et Dark Vador venus exhiber leurs costumes, à défaut de leurs super-pouvoirs, à la Convention annuelle des comics et super-héros (45.000 visiteurs sur le week-end, selon le Straight Times).

Je continue jusqu’à la mer : vue sur l’entrée du terminal portuaire de Jurong et le détroit de Singapour.

Situé à un emplacement stratégique sur les routes du commerce mondial, le port de Singapour a su tirer parti d’événements marquants dans l’histoire du transport maritime : ouverture du canal de Suez (1869), apparition des containers (en 1972, Singapour est le premier port asiatique à se doter d’un terminal adapté au chargement/déchargement des containers), délocalisation (ces deux dernières décennies) de nombreuses usines vers les pays du sud-est asiatique. Aujourd’hui, Singapour est le deuxième plus grand port du monde et, par ses différents terminaux (Brani, Jurong, Keppel, Pasir Panjang, Tanjong Pagar) transitent chaque année quelque 35 millions de containers (mis bout à bout, de quoi faire quatre fois le tour de la planète).

Si le port de Singapour joue un rôle essentiel dans l’économie du pays, il est également indispensable à la survie de ses habitants et 6 % des containers qui y arrivent terminent là leur voyage. Car la cité-état est aussi dépourvue de ressources naturelles que de terres agricoles et doit donc importer tout ce qu’elle consomme. Des produits alimentaires frais ou manufacturés – ce qui n’empêche pas Singapour d’occuper le deuxième rang mondial (derrière les États-Unis) en matière de sécurité alimentaire !!! – aux médicaments, en passant par les matériaux de construction, les produits de luxe et l’eau – 60% de l’eau consommée à Singapour est pompée dans la Johor River et arrive de Malaisie par un pipe-line qui longe la voie rapide de Causeway.

Autre record mondial – que Singapour partage avec ses partenaires du « Triangle de la croissance » – : celui du plus grand nombre d’actes de piraterie dans leurs eaux territoriales. La région des détroits de Malacca et de Singapour (par où transite un tiers du commerce maritime mondial), le golfe de Thaïlande et la mer de Chine Méridionale, compte en effet pour plus des deux-tiers des actes de piraterie recensés dans le monde.
Selon le dernier rapport semestriel du ReCAAP (Regional Cooperation Agreement on Combating Piracy and Armed Robbery against Ships in Asia / basé à Singapour), 106 incidents de piraterie ou banditisme maritime ont été répertoriés dans la région entre janvier et juin 2015 (une augmentation de 18 % par rapport à la même période de l’année précédente).
Les navires ciblés par les pirates sont des chalutiers, des remorqueurs, des barges, de petits cargos et pétroliers (aucune attaque contre de très gros tankers ou porte-containers n’a été rapportée).
La gravité de ces incidents varie du simple vol d’argent et d’effets personnels de l’équipage (62 incidents recensés), au détournement du navire avec prise en otage de l »équipage par des gangs équipés d’armes à feu (11 incidents recensés).
L’augmentation des attaques menées contre des pétroliers (voir le cas de l’Orkim Harmony dans Cabotage 1 et 2) dont la cargaison est ensuite siphonnée préoccupe les autorités (8 attaques perpétrées et 3 tentatives avortées).
Une bonne partie de ces attaques sont menées à partir des îles de l’archipel de Riau… ma prochaine escale.

… à suivre

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