Philippines 2015

Philippines

Carnet de reportage / Mindanao (16) L’armée sur la sellette

Exécutions extra-judiciaires, emprisonnements abusifs, harcèlement… saisie de plusieurs plaintes déposées par des organisations indigènes, paysannes et de défense des droits humains, une commission de l’Assemblée Nationale s’est rendue à Davao où elle a entendu les représentants des victimes ainsi que ceux de l’armée et de la police, qui se retrouvaient au banc des accusés.

Sept députés de l’Assemblée Nationale composaient la commission des droits humains chargée d’enquêter sur plusieurs cas d’exécutions extra-judiciaires, emprisonnements abusifs et harcèlement dans la région de Davao – le « massacre de Paquibato », la répression des communautés paysannes de Compostela Valley opposées à un projet d’exploitation minière et le harcèlement de militants indigènes de … étaient notamment sur la table. Le jeudi 13 août, ils entendaient les représentants des victimes.

Ce vendredi 12 août, c’est au tour de l’armée et de le police de venir exposer leur version des faits et répondre aux questions de la commission. Les auditions sont publiques. La salle de réception où siègent les parlementaires, au cinquième étage de l’hôtel Vicente, est pleine. Militaires et policiers sont venus nombreux – un général, des colonels et autres officiers supérieurs, des aides de camp, des portes-serviettes, des juristes, des éléments du service de renseignement.

Pendant ce temps, dans la rue, face à l’hôtel, un groupe d’indigènes et de défenseurs des droits humains manifestent. Des fenêtres de l’hôtel, les RG les filment.

Après un exposé préliminaire et quelques mises au point du président de la commission, les parlementaires soumettent les représentants de l’armée et de la police à des séries de questions sans complaisance (plusieurs des membres de la commission sont des élus de la gauche radicale). Le général qui fait office de porte-parole est à plusieurs reprises amené à se défausser sur ses assistants ou les représentants de la police… souvent embarrassés et qui se contredisent parfois. Outre ces versions divergentes, la commission déplore que, dans les cas évoqués, les investigations menées par les autorités soient insuffisamment approfondies, que les expertises balistiques – permettant d’identifier qui tire et d’où – soient trop souvent manquantes, que des services se renvoient la balle (c’est le cas de le dire) et les responsabilités par la même occasion, que des affrontements armés avec la Nouvelle Armée du Peuple (guérilla communiste) soient invoqués pour justifier l’usage des armes alors même que les victimes sont tous des civils.

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