Cambodge

Diamond Island, future ville satellite haut de gamme

Phnom Penh. Future ville satellite où il fera cher vivre, Diamond Island (Koh Pich en khmer) ressemblera plus à Disneyland qu’à Angkor…

Koh Pich – Diamond Island – : une île sur le cours du Tonlé Bassac, au sud de la capitale. Deux kilomètres de long quelques centaines de mètres de large. Un bout de terre d’origine alluviale – formation récente (moins d’un siècle d’existence) –, habité par des familles de pêcheurs artisanaux (environ 300), jusqu’en 2006.

Janvier 2006 : un contrat est signé entre l’Overseas Cambodian Investment Company (OCIC) et le gouverneur de Phnom Penh pour un projet d’aménagement de l’île.
– Montant de l’investissement : 700 millions de dollars.
– OCIC : filiale de la Canadian Bank qui, comme son nom ne l’indique pas, est l’une des plus importantes banques cambodgiennes.
– Jixiang Investment (société chinoise) opère en joint-venture avec l’OCIC et a mis 100 millions de dollars dans la corbeille.

  • Un appartement à Diamond Island, se négocie entre 2.500 et 3.500 dollars le mètre carré
  • Le salaire mensuel d’une ouvrière de la confection sera revu à la hausse en janvier 2015 et passera de 100 à 128 dollars

L’hôtel de ville, l’hôpital, le théâtre, la caserne de pompiers, le golf sont déjà en service.
Idem pour le parc d’attraction et ses manèges, les salons de mariages qui font le plein en fin de semaine, le « Love Garden » (jardin public avec pelouse, sentiers dallés, étangs, angelots, bergers et bergères, cupidons, petits cochons et autres animaux en plâtre tout droits venus des studios Disney).
Deux lotissements résidentiels (Elite Town et La Seine) devraient bientôt être totalement opérationnels.
Mais les réalisations les plus ambitieuses – une série d’immeubles de plus de 30 étages à usage mixte (logements de grand standing, bureaux, boutiques, centre commercial, piscine de 200 mètres), une marina et une tour de 555 mètres (baptisée Diamond Tower, elle devrait être la plus haute des pays de l’ASEAN) – sont en chantier ou pas encore sorties de terre.
Le projet devrait être achevé en 2017.

Ces dernières années, au Cambodge, la construction est en plein boum.
Selon le Ministère de la gestion de la terre de la planification urbaine et de la construction, les investissements dans l’immobilier sont passés de 840 millions de dollars en 2010 à 2,7 milliards de dollars en 2013.
Quelque 200.000 ouvriers travaillent dans la construction.
Pas de contrat de travail, pas d’inscription à la sécurité sociale. Les travailleurs sont généralement embauchés par des sous-traitants et payés à la journée. Nombre d’entre eux sont des migrants venus des zones rurales qui dorment sur le chantier.
Dans la construction, les accidents graves et parfois mortels sont fréquents.
« Mais, reconnaît Leng Thong, directeur du département sécurité au Ministère du travail, nous ne disposons pas de statistiques fiables car les entreprises ne rendent pas compte de ces accidents ».
Et si le droit à la sécurité au travail est bien inscrit dans la constitution cambodgienne, il n’existe aucun décret d’application permettant de le rendre contraignant.
« Dans le bâtiment, continue Leng Thong, il n’y a pas de règlement imposant le port d’équipements de sécurité (…) et les inspecteurs du travail sont refoulés quand ils veulent inspecter un chantier et ne peuvent rien y faire ».

* D’après un article du Cambodia Daily : Construction Workers’ Lives Hang in the Balance

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