Philippines

Métro Manille (11) Hôtel de poisse

Une nouvelle dépression tropicale est annoncée, qui pourrait bien se transformer en typhon si ça lui chante – c’est la saison. Je reste dans ma chambre.

Un peu plus tard, je vais prendre un café face à la baie de Manille. Mer grise, palmiers fouettés par le vent, promenade déserte.

Pluie, pluie, pluie. Rues inondées. Hier, la circulation des métros a été interrompue sur la ligne bleue au niveau d’Ayala Station – seul endroit où la voie est souterraine.

J’achète un parapluie – y’a des vendeurs ambulants qui en proposent à tous les coins de rue – et profite du mauvais temps pour aller me faire couper les cheveux sur Mabini Street.

Plusieurs filles dans le salon, en train d’essayer de faux ongles, de faux cils, ça discute, évalue, compare. Moi je veux une coupe simple, sans chichi.
Court ? demande le coiffeur – c’est un/une lady-boy, comme souvent ici.
Oui, je dis imprudemment, court.
Le premier coup de tondeuse part du front et s’ouvre un chemin bien droit jusqu’à la nuque. Fatal.
Mon bourreau, tout sourire, quête une approbation dans mon regard.
C’est pas vraiment comme ça que je voyais les choses, je dis, mais quand le vin est tiré…
Et la tondeuse poursuit ses ravages, impitoyable.

Je retourne cacher dans ma chambre mon crane de légionnaire – en attendant que ça repousse, ou du moins qu’il arrête de pleuvoir, le métro continuera de rouler et mes complices de comploter, sans moi.

Comme s’il suffisait d’enfouir sa tête sous le sable ! J’aurais dû m’y attendre : en fin de journée, cerise sur le gâteau, je trouve dans mes mails la nouvelle qui va bouleverser le cours de cette histoire.
La poisse, vous dis-je.

à suivre…