Perou 2012

Pérou

Conga no va !

Les concessions minières couvrent quelque 70% du territoire des provinces de Cajamarca, Hualgayoc et Celendin, au Pérou, et quand on leur parle de projet minier, les autochtones savent de quoi il retourne.
Dix-huit ans plus tôt, la compagnie Minera Yanacocha leur a promis développement et créations d’emplois. Depuis, la plus grande mine d’or d’Amérique latine a généré de fabuleux profits pour la compagnie et ses actionnaires. Mais des paysans expulsés, des cours d’eau pollués, des dizaines de personnes intoxiquées par un déversement accidentel de mercure, des montagnes rasées, des lacs asséchés ou transformés en aires de stockage de déchets contaminants…

Aujourd’hui, la même compagnie reprend le même discours pour justifier l’expansion de ses opérations à ciel ouvert et la destruction de quatre lacs de montagne sous lesquels sont situés les gisements d’or et de cuivre du site de Conga. Aussi, les habitants disent-ils massivement : NON ! Conga no va ! Oui à l’eau, non à la mine

Mais les investissements en jeu sont énormes, et aux manifestations pacifiques des opposants au projet Conga, les autorités péruviennes répliquent par une répression brutale.
Le 3 juillet 2012, l’état d’urgence est déclaré.
A Cajamarca, Marco Arana est arrêté et torturé durant sa détention.
A Celendin et Bambamarca, l’armée tire sur la population faisant cinq morts et une cinquantaine de blessés.
Une violence disproportionnée. Incapable pourtant de bâillonner un mouvement de refus du projet minier qui ne cesse de s’amplifier et trouve partout des relais pour se faire entendre. Des enseignants ouvrent leur école pour des réunions d’information. Les radios locales sont submergées de messages dénonçant la soumission du gouvernement aux intérêts des compagnies minières. Des paysans refusent de vendre de la nourriture aux militaires, et bravant l’état d’urgence, ils participent en foule aux assemblées qui se tiennent, souvent la nuit, dans les villages.

Le 4 août, à Celendin, une messe était célébrée à la mémoire des victimes de la répression. A la sortie, en dépit d’un lourd dispositif policier, les cantiques ont rapidement laissé place aux mots d’ordre anti-Conga.

Le même jour, l’état d’urgence était reconduit, mais le chantier est pour l’instant paralysé, et le nom de Conga pourrait bien devenir un symbole de résistance à un mode de développement destructeur et injuste.