Bresil 2012

Brésil

Santo Antonio : barrage en chantier

En amont de Porto Velho, sur le Rio Madeira, l’un des principaux affluents de l’Amazone, la construction des barrages de Santo Antonio et Jirao avance vite. Une fois achevées, les deux centrales hydroélectriques devraient générer environ 8% de l’électricité brésilienne…

Les travaux sont en grande partie financés par des fonds publics. Mais les centrales seront gérées, durant 30 ans, par des consortiums privés dans lesquels les multinationales Odebrecht (pour Santo Antonio) et GDF-Suez (pour Jirao) sont actionnaires référence.

La création de deux lacs artificiels d’environ mille kilomètres carrés chacun a nécessité le déplacement de quelque 2.500 familles qui ont reçu terres et logements.
Mais les conséquences sur l’équilibre écologique de la région pourraient être autrement graves, sans compter que toutes les populations affectées n’ont pas été prises en compte dans les programmes d’indemnisation.

« Avec les barrages de Santo Antonio et Jirau, la pêche, c’est pratiquement terminé, explique Marcio Santana Lima, pêcheur du village de Sao Carlos. Ce qui me fait le plus mal, continue-t-il, c’est qu’un pêcheur qui vendait son poisson doit aujourd’hui en acheter pour se nourrir ! »

Et à Porto Velho même, 150 familles expulsées du quartier Triangulo n’ont toujours pas été relogées – début 2012, l’ouverture des vannes du barrage avaient provoqué un effondrement de la berge sur laquelle est bâtie ce quartier populaire.

Quoi qu’il en soit, pour le préfet Roberto Sobrino : « Les effets positifs sont biens supérieurs aux effets négatifs. Des problèmes, il y en a, mais le bilan est largement positif. La construction des usines hydroélectriques a été une grande chance pour Porto Velho ».

Et de fait, une majorité de la population locale est plus sensible au boum économique immédiat généré par ces grands travaux qu’à l’impact à long terme de la construction de dizaines de centrales hydroélectriques programmée sur les cours d’eau de l’Amazonie.
Pourtant, selon le Mouvement des victimes des barrages (MAB), il serait grand temps de s’interroger : de l’énergie pour qui ? Et pour quoi faire ?