Philippines 2014

Philippines

US go home !

Ce vendredi 4 juillet – soixante-huitième anniversaire de la reconnaissance de l’indépendance des Philippines par les États-Unis –, plusieurs organisations progressistes appelaient à manifester devant l’ambassade US pour protester contre la signature de l’EDCA (Enhanced Defense Cooperation Agreement), un traité de coopération militaire qui ouvre la voie à une présence renforcée des troupes nord-américaines dans l’archipel.
Signé le 27 avril, à la veille de la visite de Barak Obama à Manille, l’EDCA accorde aux Etats-Unis la libre disposition de cinq bases militaires de l’AFP (Armed Forces of the Philippines).
Officiellement il ne s’agira pas de bases nord-américaines. Mais l’armée US aura libre accès aux installations (ports, aérodromes…), aux centres de commandement, aux informations et aux fréquences radio de l’AFP, elle pourra y stationner troupes, avions et bateaux, y stocker du matériel militaire.
Le traité est signé pour dix ans.

EDCA: Overstating economic gains
Recently signed, EDCA is now the most blatant symbol of US intervention in the country, much like the old US military bases in Subic and Clark. And like before, government is reciting all sorts of benefits to justify what is an essentially new basing deal with the Americans… read the full article on IBON website

Un peu d’histoire. Le 10 décembre 1898, la signature du Traité de Paris mettait fin à la guerre hispano-américaine, l’Espagne cédant aux États-Unis les Philippines et Cuba pour 20 millions de dollars. Passées sous protectorat nord-américain les Philippines sont, depuis lors, restées une tête de pont de l’armée US en Asie du Sud-Est – à l’exception de la période d’occupation japonaise (1942-45), pendant la seconde guerre mondiale.

Le 4 juillet 1946, les Philippines accèdent à l’Indépendance… mais les États-Unis se réservent le droit d’installer des bases militaires dans l’archipel pour une période de 100 ans. Et ils ne s’en priveront pas !

Jusqu’en 1991, année où les députés philippines exigent la fermeture des bases militaires nord-américaines, la base de Clark Field était le quartier général de la 3ème escadre aérienne de l’US Air Force. Elle constituait un point de contrôle stratégique pour la circulation aérienne et maritime, ainsi qu’une plate-forme d’intervention aérienne dans le Pacifique et l’Asie du Sud-Est.
Fermée l’année suivante, la base de Subic Bay était la plus importante base militaire américaine à l’étranger. Elle servait essentiellement de port d’escale, de relais et de ravitaillement à près de 200 bâtiments de surface, une cinquantaine de sous-marins et près de 7000 soldats.

Mais, dès 1999, les marines sont de retour par le biais du Visiting Forces Agreement (VFA), traité qui autorise les mouvements de vaisseaux de guerre et d’avions militaires américains sur les eaux et dans les airs philippins. Le VFA dispense également les soldats américains de visa pour entrer sur le territoire philippin et leur permet, s’ils sont accusés de crime sur le sol philippin de rester sous la juridiction américaine – cette disposition a notamment été utilisée pour protéger des soldats américains accusés de viol par des femmes philippines.

Au lendemain de l’attentat contre le World Trade Center, l’argument de la croisade anti-terroriste, permet à Washington de renforcer encore sa présence dans l’archipel, notamment dans les îles de Mindanao, Sulu, Jolo et Palawan, où réside une importante population musulmane et où opèrent les mouvements armés d’inspiration musulmane du Moro islamic liberation front (MILF), du Moro national liberation front (MNLF) et du groupe Abbu-Sayaf, ce dernier lié à Al-Qayda.

Aujourd’hui, face à la montée en puissance de la Chine, Manille est plus que jamais un allié indispensable pour Washington qui cherche à renforcer sa présence militaire dans le Pacifique. L’EDCA s’inscrit ainsi dans le dispositif régional nord-américain de contention de la Chine. Tandis que les tensions provoquées par le conflit territorial autour des l’archipel des Spratleys, en mer de Chine méridionale permettent au gouvernement philippin de faire passer la pilule.

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