« Stop au harcèlement des défenseurs des droits humains », « libérez les prisonniers politiques », « reprise immédiate des pourparlers de paix » (sous-entendu : avec la NPA) scandent, à Manille, les manifestants rassemblés au lendemain de la tenue, à Washington, d’un tribunal d’opinion qui a déclaré les présidents Benigno « Nonoy » Aquino III et Barak Obama coupables de « crimes contre le peuple philippin ».
Intitulé « Tribunal International des Peupes », un tribunal d’opinion a tenu session, du 16 au 18 juillet 2015, à Washington. Le jury était composé de femmes et d’hommes de loi et d’églises et, dans le rôle du procureur, officiait l’avocat Ramsey Clark. Après avoir entendu les témoins – parents de victimes d’exécutions extra-judiciaires, syndicalistes, militants d’organisations paysannes, indigènes ou de défense des droits humains – le tribunal a rendu un verdict sans surprise (voir le texte intégral en anglais / PDF), reconnaissant les présidents Benigno « Nonoy » Aquino III et Barak Obama coupables de « crimes contre le peuple philippin ».
A Manille, des militants de diverses organisations de la gauche radicale et d’églises chrétiennes ont manifesté à cette occasion et diffusé des copies du verdict.
La reprise immédiate des pourparlers de paix entre le gouvernement philippin et les rebelles de la NPA faisait également partie des revendications portées par les manifestants.
Alors que le gouvernement Aquino a signé, en mars 2014, un accord de paix avec les insurgés du MILF (Moro Islamic Liberation Front), les pourparlers avec la NPA* sont toujours dans l’impasse.
Interrompus en 2004, ils avaient repris en 2011, avant d’être à nouveau gelés en 2013.
Début juillet, cependant, à l’occasion d’un voyage au Pays-Bas, une délégation du gouvernementale** a rencontré José Maria Sison (fondateur du CPP en exil aux Pays-Bas depuis 1986) et Luis Jalandoni (chef de l’équipe de négociation du NDF) dans un restaurant d’Amsterdam.
Les deux parties se sont déclarées favorables à une reprise du dialogue.
Mais le gouvernement demande aux insurgés des « gages de bonne volonté », tandis que ces derniers font de la libération de 16 membres du NDF, arrêtés alors qu’ils avaient été désignés comme consultants de l’équipe de négociation, un préalable à la reprise des pourparlers.
* La NPA (Nouvelle Armée du Peuple) est le bras armé du CPP (Parti Communiste des Philippines), tandis que le NDF (Nouveau Front Démocratique) en est le bras politique… tous les trois sont interdits aux Philippines.
** La délégation se rendait au tribunal de la Hague pour y défendre le point de vue des Philippines dans le cas du conflit territorial qui l’oppose à Pékin en Mer de Chine Méridionale. Sur cette question, gouvernement et insurgés ont exprimé un point de vue commun.