Fiction
Marchand d’âge
Un jour, un parc, un banc, un type plutôt jeune et moi, on bavarde (…)
Un jour, un parc, un banc, un type plutôt jeune et moi, on bavarde (…)
Il est près de minuit quand Bondage, suivit d’Untel traînant les pieds, sort enfin du commissariat de Lablonde-les-Morts et rejoint deux énormes Hummers autour desquels monte la garde une demi-douzaine de mercenaires de la WARM Co rameutés en urgence (…)
Le commissaire ouvre la lettre que vient de lui remettre le planton et la lit en silence, sans commentaire ni en partager la teneur avec les huit paires d’yeux braquées vers lui comme si elles espéraient déchiffrer sur ses lèvres les mots inscrits sur le papier (…)
Il a neigé dans le salon pendant la nuit, le fond de l’Univers est blanc, légèrement granuleux, des formes blêmes, gueules enfarinées, volumes courbes, malléables et souples au toucher, gravitent dans le vide sidéral, se frôlent, se croisent, s’occultent suivant des orbes immuables, projettent leurs ombres légères sur le paysage laiteux (…)
A l’issue de la réunion à bord du Colombo, le commissaire Bossenec a raccompagné le colonel Pak et le duo Untel mais retenu Dujardin. Un peu plus tard, assise, muette, dans la Berlingo du commissaire, la barbouze regarde défiler les vignobles. Au volant, Bossenec réfléchit, tout en gardant un œil sur l’écran de son smartphone : trois points s’y déplacent selon un itinéraire routier partant de Lablonde-les-Morts, le deuxième suit le premier à faible distance, le troisième – qui indique leur propre position – se maintient un peu en retrait (…)
La fugue, c’est quand un musicien commence à jouer tout seul, sans attendre le signal du chef, et que les autres instrumentistes se lancent à sa poursuite. L’intérêt de ce genre de morceau réside dans le suspens qu’il génère : l’échappé qui fait la course en tête sera-t-il ou non rattrapé avant la dernière mesure ? (…)
En se réveillant dans ce qui ressemblait à un bloc opératoire, Gros Mérou s’imagina tout d’abord être tombé dans un remake des Voyages de Gulliver mais, même si Galina se révéla bientôt une géante plutôt sociable, c’était pire (…)
Me voici contrait d’ouvrir une nouvelle parenthèse pour relater l’itinéraire du Docteur Dinteville, et notamment – parce qu’ils concernent notre histoire – ses détours par Hong Kong et les Ardennes. J’espère que les lecteurs qui ont eu la patience de me suivre jusqu’ici ne m’en tiendront pas rigueur (…)
Après l’échec de la chasse à l’homme qui a mobilisé pas moins d’un hélicoptère de la gendarmerie, une vedette garde-côte et le GIGN, le commissaire Bossenec décide qu’il est temps de reprendre la main et convoque Dujardin, les Untels et le colonel Pak à bord de son voilier – un cotre baptisé Colombo – amarré dans le port de Lablonde-les-Morts (…)
Le Lupanar repose sur ses pattes articulées par une quarantaine de mètres de fond (invisible, donc, sur la photo), les stagiaires ont cessé de pédaler et prennent leur pause repas tandis que les poissons, tout ouïe, se bousculent au hublot pour écouter le récit de Gros Mérou, qu’ils considèrent un peu comme un des leurs – « il est trop ! » soupire la bouche en cœur une girelle bien roulée, « plus fort que Mortal Kombat », déclare silencieusement un sar qui en oublie la partie entamée sur son smartphone (…)
Le Lupanar est un submersible artisanal (en début de manœuvre d’immersion par temps pluvieux sur la photo), entièrement construit avec des matériaux de récupération, qui héberge une « coopérative culturelle, subaquatique & itinérante » dont la fonction sociale est de « dispenser un plaisir de qualité aux usagers tout en offrant au personnel de bord des conditions de travail optimales ». On qualifie parfois le Lupanar de sous-marin de passe, boxon des abysses ou Nautilus de tolérance (…)
La nuit est maintenant tombée sur Lablonde-les-Morts. Dans le port des voiliers dorment, sagement amarrés aux pontons flottants – plusieurs ronflent mais c’est presque inaudible sur la photo –, cependant qu’à quelques kilomètres de là dans leur tanière à flanc de falaise (…)
Ils n’étaient que douze au départ, les Doux apôtres de Pachamamelle, et seulement douze à l’arrivée, quand la secte s’éteignit d’elle-même (…)
Au début de cet épisode, Dujardin est assis à côté du pilote, dans le cockpit de l’Alouette de la gendarmerie qui a décollé sitôt l’alerte donnée. Derrière, les Agents Untel et Untel ont le nez scotché à la vitre. Le commissaire n’a pas jugé utile de les accompagner et le coréen rumine sa honte (…)
Quand on se penche à la fenêtre, selon qu’on regarde à gauche ou à droite, on voit respectivement tomber la neige ou trois écoliers par temps brumeux sur une passerelle, mais jamais les deux à la fois (…)
Galina nous avait avertis : « c’est une longue histoire ». Et nous voilà partis vers d’autres latitudes, embarqués dans un récit qui se décline en plusieurs langues. Profitant de ce que la narratrice vient de marquer une pause pour aller se soulager à l’entrée de la caverne qui nous sert provisoirement de planque, je vais tenter de résumer ses propos (…)
Tout s’est joué si rapidement ! Et, maintenant, la suite ne tient plus qu’à un fil… Mais j’anticipe – excusez-moi – et permettez que je reprenne mon récit là où je l’avais interrompu la dernière fois, quand Gros Mérou et moi pénétrons dans le commissariat (…)
Comment imaginer qu’une simple plaisanterie (voir l’épisode précédent) allait lever le coin du voile recouvrant une sombre affaire que l’on croyait tombée dans l’oubli depuis longtemps et que, pour laver mon voisin des soupçons qui vont s’accumuler sur sa personne, moi, modeste commandant de vaisseau fantôme, à la retraite de surcroît, je me trouverai contraint de reprendre le récit auquel je pensais avoir mis un point final, cela afin de faire éclater la vérité, toute la vérité, rien que la vérité ? Et pourtant (…)
J’emprunte le chemin qui longe la plage jusqu’à l’arbre aux pendus et m’assieds face au large, un brin nostalgique du temps où j’écumais toutes les mers du monde. Puis je pense à Horacio qui trempe par trente mètres de fond en attendant qu’on vienne le tirer de là, et je me marre (…)
La présence de mon ombre me pèse parfois. Maintenant, par exemple. Je viens de retirer mes lunettes et les pose sur la table du salon : pourquoi faut-il qu’elle, mon ombre, s’en mêle, adopte cette forme de griffes menaçantes qui contredit la quiétude de l’instant, confère à la scène une ambiance de film d’horreur (…)
Ce qu’un typhon abandonne sur son passage peut parfois surprendre… et asticoter la curiosité des bibliophages (…)
Écologiquement propre – recours à l’énergie éolienne, zéro émission de gaz à effet de serre –, la manifestation à voile est une initiative prometteuse dont la technique pourrait être exploitée pour toutes sortes de déplacements pédestres, individuels ou collectifs (…)
Qu’il écrive à la première personne ou pas, tout romancier, dit-on, se dévoile à travers son œuvre. Mais qu’en est-il du photographe ? Il m’arrive de penser que chacun de mes cadrages comporte une dimension autobiographique, chacune de mes images constitue un autoportrait. C’est parfois dur à assumer (…)
Un an et quelques refus d’éditeurs après y avoir mis un point final, je me décide à mettre en ligne « Le Filon ». L’intrigue prend sa source dans une affaire bien réelle de contrebande d’or entre le Burkina Faso et la Suisse, via le Togo, et ce roman aurait pu faire un tabac si Lazare Masquet, personnage central de l’histoire, avait été un poil plus sérieux. Mais je suppose qu’on a les héros qu’on mérite (…)
Avant Lazare Masquet, Lucien Cerise s’était déjà rendu au Burkina Faso. Mais du livre qui en était résulté – Lucien Cerise et les griotes –, mes propres écrits étaient absents. Avec Metro Manille, j’avais tenté une nouvelle et brève incursion dans le domaine de la fiction. Lazare Masquet, lui, a carrément un projet de roman, qu’il est décidé à mener à terme (…)