Colombie 2001

Colombie

Fumigations au glyphosate vs plantations de coca

Suite aux déclarations de Donald Trump, qui se dit préoccupé par l’expansion des cultures de coca en Colombie, Yvan Duque, le président colombien, se prononce pour la reprise des fumigations de glyphosate sur les plantations de ladite coca et souhaite que la Cour constitutionnelle lève les restrictions interdisant l’usage du glyphosate dans les parcs nationaux et les zones de « réserves paysannes et indigènes », ainsi que l’épandage aérien…

C’était au bon temps du « Plan Colombia » ! A cette époque l’armée invitait parfois des journalistes à assister à une opération (sans risque) des unités anti-drogue (fumigation aérienne de plantation de coca, destruction d’un laboratoire clandestin, saisie de quelques kilos de poudre blanche…) – sur la photo, ça se passait en 2001, dans la région du Catatumbo.

Ceux qui s’intéressaient à la Colombie bien avant la signature des accords de paix (2016)* se souviennent peut-être – s’il ont cherché à savoir – que les Autodéfenses Unies de Colombie (AUC), la principale organisation paramilitaire, responsables d’atrocités sans nom, naissent à la fin des années 1980 sous l’impulsion des cartels de la drogue (notamment celui de Medellin) et des forces armées colombiennes (les groupes paramilitaires devenant les sous-traitants préposés aux sales besognes) – tout ce beau monde trempant allègrement dans le narcotrafic : avions militaires utilisés pour le transport de la cocaïne, paramilitaires exerçant leur contrôle sur des zones toujours plus étendues de cultures de la coca…).

Ils se souviennent aussi – s’il ont vraiment cherché à savoir – qu’Alvaro Uribe, le mentor de l’actuel président et lui même président de 2002 à 2010, apparaît en 1982 sur la liste des narcotrafiquants les plus recherchés par la DEA (en 86ème position). Ce qui ne l’empêche pas, la même année, de devenir maire de Medellin… pas pour longtemps il est vrai : après seulement cinq mois à ce poste il est destitué pour avoir participé à une réunion à laquelle assistaient les cadres de différents cartels (Pablo Escobar, les frères Ochoa, Carlos Lehder et Gonzalo Gacha).

Ce dont ils se souviennent sûrement – les médias qui ne manquaient jamais une occasion de souligner l’implication de la guérilla marxiste dans le trafic de drogue nous l’ont suffisamment rabâché – c’est que les FARC étaient qualifiées de « narco-guérilla » et fréquemment accusées d’être un protagoniste majeur du trafic de drogue.

Mais alors…

Mais alors, comment se fait-il qu’entre 2012 et aujourd’hui, les plantations de coca soient passées de 48.000 à 171.000 hectares (estimation basse, les plus hautes parlent de 300.000 hectares), alors que les FARC ont déposé les armes et que les zones qu’elles contrôlaient jusqu’alors devraient, en toute logique, être revenues dans le giron de l’état ?
Pour un peu, certains esprits chagrins en arriveraient à penser que les FARC, tout compte fait, constituaient un frein à l’extension des cultures de coca et rappelleraient que celles-ci (les FARC) avaient à plusieurs reprises formulés des propositions alternatives destinées à améliorer le sort des petits paysans et leur permettre de vivre d’autre chose que de la feuille de coca, elles s’étaient même (toujours les FARC) déclarées prêtes à mener l’expérience dans les territoires sous leur contrôle.

* Depuis la signature des accords de paix (respectés au pied de la lettre par les FARC mais jamais par le gouvernement) 416 dirigeants paysans, indigènes, syndicaux et une centaine de guérilleros démobilisés ont étés assassinés.