Hong Kong 2014

Chine

Hong Kong (1) Arrivée

Kowloon. Je pose mes bagages dans le premier hôtel que je trouve et sors. Il fait nuit. Je mange un soupe de nouilles aux tripes, fais quelques photos. De retour à l’hôtel, j’en sélectionne une à mettre ligne avec quelques notes préliminaires, histoire de planter le décors du reportage à venir.

Hong Kong (Région administrative spéciale de) : 7 millions d’habitants, 1.100 km2 (département du Nord, en France : 5.743 km2), située au sud de la Chine où elle jouxte la province du Guangdong, bordée par la rive orientale de la Rivière des Perles et la mer de Chine méridionale.

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Histoire. Courant du XIXème siècle : les anglais écoulent massivement en Chine l’opium produit dans leur colonie des Indes Orientales, provoquant des ravages dans la population. Canton et la région de la Rivière des Perles sont le principal point d’entrée – en contrebande – de la drogue. Un négoce illégal mais extrêmement lucratif (1) Un million de livres sterling en 1832, soit le sixième du revenu total de la Compagnie des Indes Orientales (Hong Kong et Macao – Joseph Kessel, éditions Gallimard 1957) que la couronne non seulement tolère mais encourage.
Des magistrats chinois intègres s’étant mis en tête d’en finir avec ce trafic, Londres déclenche la première Guerre de l’Opium (1839-1842).
La Chine est battue.
Par le Traité de Nankin (29 août 1842), elle cède Hong Kong aux anglais – l’île est idéalement située pour inonder d’opium la Chine continentale.
Deuxième Guerre de l’Opium (1856-1858) et nouvelle défaite de la Chine. La Convention de Pékin (18 octobre 1860) permet au vainqueur d’étendre sa colonie grâce au rattachement la péninsule de Kowloon à Hong Kong.
Pour parachever l’opération, les anglais concluent avec la Chine une convention (1er juillet 1898) par laquelle l’Empire du Milieu concède à l’Angleterre un bail de 99 ans sur une zone dite des « Nouveaux territoires ».

Triades basées à Hong Kong :

  • Sun Yee On. Née en 1919 à Canton. La plus importante des triades. 50 000 membres répartis aux États-Unis, en Australie, à Macao, en Thaïlande, au Vietnam, au Benelux, en Allemagne, en Espagne, en Tchéquie et en Russie.
  • Fédération Wo. Née en 1908. 28.000 membres répartis au Canada, en Chine populaire et aux États-Unis.
  • 14K. Née en 1947 à Canton pour soutenir le Guomindang. 20 000 membres répartis en Chine populaire, à Macao, en Australie, au Canada, aux États-Unis, dans l’Union européenne, en Russie, à Taïwan, aux Philippines et au Japon.

A partir de 1949 et l’arrivée au pouvoir des communistes en Chine, la population de Hong Kong s’accroît d’un flot important de réfugiés.
Parmi ceux-ci, des Triades (sociétés secrètes devenues des organisations mafieuses opérant dans tous les domaines du crime organisé), qui font de Hong Kong leur quartier général.

Le 19 décembre 1984, la déclaration commune sino-britannique convient qu’à l’échéance du bail sur les Nouveaux Territoires, la totalité de Hong Kong sera rétrocédé à la République Populaire de Chine (RPC).
Du coup, les autorités britanniques semblent brusquement affligées de scrupules démocratiques, qui ne les avaient pas étouffé jusque là, et les premières élections législatives – partiellement démocratiques : Londres continue de désigner le gouverneur de Hong Kong – sont organisées pour la première fois en 1991.
Entre temps, les événements de la place Tienanmen trouvent un écho profond dans la population de Hong Kong qui redoute, avec son rattachement à la Chine, de se voir privé des acquis démocratiques dont elle bénéficie.
Le 1er juillet 1997, Hong Kong n’en devient pas moins, comme prévu, une Région administrative spéciale de la RPC.

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Économie. Hong Kong se développe d’abord en tant que port commercial puis, dans les années 1950, l’industrie textile, qui bénéficie de l’afflux de main d’œuvre bon marché, devient le moteur principal de sa croissance économique. A partir des années 1970, enfin, les activités du secteur tertiaire prennent progressivement le pas sur les activités industrielles jusqu’à constituer l’essentiel de l’activité économique.
Aujourd’hui, Hong Kong est la troisième place financière mondiale. Son économie est la plus libérale du monde. Les taux de prélèvements obligatoires sont bas (ou nuls pour les sociétés qui y sont domiciliées mais n’exercent pas leurs activités sur le territoire) et les législations peu contraignantes.
Hong Kong est également le troisième port mondial pour le trafic conteneurs.
De plus en plus économiquement intégrée à la République populaire de Chine, Hong Kong réalise 47 % de ses échanges commerciaux avec celle-ci.
Les investissements hongkongais en Chine, notamment dans la province voisine du Guangdong, sont également très importants. Et son statut autonome confère à Hong Kong le rôle d’intermédiaire entre la Chine continentale et Taïwan.
Au classement mondial de l’indice de développement humain, en 2014, Hong Kong occupe la 5ème place (la France est 20ème).
Mais les 10% les plus fortunés des hongkongais possèdent 77,5% des richesses, les inégalités sociales sont abyssales et 1/5 de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.

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Politique. Le système politique se compose d’une assemblée législative de 60 membres – Legislative Council (LegCo) – qui élit un chef de l’exécutif.
La moitié des membres du LegCo est élue au suffrage universel direct par la population des cinq circonscriptions géographiques (Hong Kong, Kowloon Est, Kowloon Ouest, Nouveaux Territoires Est, Nouveaux Territoires Ouest). L’autre moitié se compose d’élus de 28 catégories socio-professionnelles dans lesquelles seule une minorité a le droit de vote.
Les élections au LegCo ont lieu tous les 4 ans tandis que le chef de l’exécutif est placé à la tête du gouvernement pour 5 ans – selon l’article 45 de la Loi Fondamentale, celui-ci est « choisi par une élection ou des consultations tenues localement » et nommé par le président chinois. Le chef de l’exécutif actuel est Leung Chun-ying.

Le 29 décembre 2007, le gouvernement chinois a annoncé que l’élection du chef de l’exécutif au suffrage universel, présenté par la loi fondamentale de Hong Kong comme objectif ultime, pourrait être mis en place en 2017… Mais les électeurs n’auront le choix qu’entre deux ou trois candidats choisis avec l’accord de Beijing.

En vertu de la loi fondamentale de Hong Kong et de la déclaration commune sino-britannique, Hong Kong a un système légal et judiciaire distinct de celui de la Chine continentale et les libertés fondamentales sont respectées.
Les lois en vigueur avant la rétrocession restent valables sauf si elles contredisent la loi fondamentale. Hong Kong n’obéit pas aux lois nationales de la République populaire de Chine sauf en ce qui concerne la défense et les affaires étrangères.

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Occupy Central with Love & Peace. Mouvement de désobéissance civile lancé le 28 septembre 2014 pour exiger des gouvernements de Beijing et Hong Kong que les prochains chef de l’exécutif et membres du LegCo soient élus au suffrage universel en accord avec les standards internationaux.

Chronologie.

  • Janvier 2013. ans un article publié par le Hong Kong Economic Journal, Benny Taï, professeur de droit à l’Université de Hong Kong, propose la désobéissance civile comme moyen d’action pour obtenir des élections libres (voir : Occupy Central / Manifesto)
  • 9 juin 2013, 9 mars 2014, 6 mai 2014. Trois sessions de délibération sont organisées par Occupy Central. Y participent des représentants de la société civiles, des syndicats, des partis politiques. Trois motions sont élaborées qui seront proposées au vote lors du référendum de juin.
  • 20 au 29 juin. Les militants pro-démocratie organisent un référendum officieux sur l’instauration du suffrage universel direct. Près de 800 000 votants.
  • 1er juillet. Entre 100 000 et 500 000 Hongkongais manifestent pour la démocratie.
  • Début août 2014. Les autorités chinoises annoncent que les candidats au poste de chef de l’exécutif pour les élections de 2017 seront sélectionnés par un comité de 1 200 personnes. Seuls les candidats sélectionnés – 2 ou 3 « patriotes » et « respectueux de la ligne définie à Pékin » – seront habilités à se présenter au scrutin.
  • 22 septembre. Les étudiants de la Fédération des étudiants de Hong Kong et de Scholarism commencent à manifester devant le siège du gouvernement.
  • 26 septembre (nuit). Les étudiants occupent les principales artères de Hong Kong. Ils demandent à rester sur Civic Square. Refus. La police interpelle plusieurs leaders étudiants (dont Joshua Wong, Alex Chow et Lester Shum).
  • 27 septembre. Des hongkongais affluent massivement sur Civic Square pour soutenir les étudiants. Rassemblement à côté d’Harcourt Road, face au siège du gouvernement. Le cordon de police est forcé. Occupation d’Harcourt Road, puis de Queensway, Connaught Road à Central et Performing Arts Avenue. Grenades lacrymogènes. Les manifestants utilisent des parapluies pour se protéger. Les occupations s’étendent : Gloucester Road à Wan Chai, Yee-Wo Street à Causeway Bay, Nathan Road et Argyle Street à Mong-Kok et Prince-Edward Road.
  • 28 septembre. La HKCTU (Confédération des syndicats de Hong Kong) dénonce la répression des manifestations et appelle à une grève générale pour le lendemain.
  • 1er octobre. A l’occasion de la fête nationale chinoise, les manifestants occupent Canton Road à Tsim-Sha-Tsui (une artère commerçante très prisée des touristes de Chine populaire).
  • 2 octobre 2014. les étudiants exigent la démission de Leung Chun-ying, le chef de l’exécutif. Mais des divergences se font jour parmi les manifestants – entre Occupy Central, organisations étudiantes et groupes radicaux -, et le Mouvement des Parapluies déborde les leaders d’Occupy Central (voir : Hong Kong’s Protesters: A House Divided).
  • 3 octobre 2014. La police rouvre Gloucester Road et Canton Road. Fin des manifestations à Wan-Chai et Tsim-Sha-Tsui. Dans le quartier de Mong-Kok, des membres présumés des Triades attaquent brutalement les manifestants. Triades, et opposants à Occupy, détruisent des tentes et des barricades. Les opposants demandent la fin de l’occupation (voir : Hong Kong’s counter protesters).
  • 11 octobre 2014. Les leaders étudiants adressent une lettre publique à Xi Jinping, président de la République Populaire de Chine, reprochant au gouvernement central de la Chine de n’avoir pas écouté l’opinion de la population de Hong Kong.
  • 13 octobre 2014. Les opposants à Occupy bloquent le siège central de l’Apple Daily, un journal pro-démocratique qui s’est associé au mouvement.
  • 14 octobre 2014. La police démantèle les barricades de Yee-Wo Street et Queensway.
  • 15 octobre. La police intervient à Lung-Wo Road. Grenades lacrymogènes, nombreux blessés (y compris des journalistes d’une chaîne de télévision) et arrestations.
  • 21 octobre. Le Financial Times publie des extraits d’une entrevue accordée par Leung Chun-ying à plusieurs médias occidentaux. Le chef de l’exécutif y déclare en substance que : une élection véritablement libre au suffrage universel est impossible car elle donnerait trop d’importance au vote des plus défavorisés.
  • 14 novembre. L’ITUC Asia-Pacific (International Trade Union Confederation for Asia and the Pacific) adresse une lettre à CY Leung lui demandant de mettre en œuvre un suffrage universel conforme aux standards internationaux.
  • 2 décembre. Les trois principaux leaders d’Occupy Central – le révérend Chu Yiu-ming, Benny Tai Yiu-ting et le Dr Chan Kin-man -, accompagnés par le Cardinal Joseph Zen Ze-kiun, le patron de presse Jimmy Lai Chee-ying et le fondateur du Democratic Party Martin Lee Chu-ming, se rendent à la police et appellent à mettre fin au mouvement.
  • 3 décembre. Josua Wong et quelques étudiants du groupe Scholarism entament une grève de la faim.
  • 7 décembre. Josua Wong interrompt sa grève de la faim.