Depuis leur expulsion brutale et la destruction de leurs maisons – police et bulldozers –, le 3 janvier 2012, les habitants de la communauté de Borei Keila luttent pour obtenir une solution acceptable de relogement.
L’histoire commence en 2003, quand la municipalité de Phnom Penh concède les terrains du quartier de Borei Keila, en plein cœur de la capitale, à la société Phanimex pour le développement d’un projet immobilier. Celui-ci est présenté comme un modèle de réaménagement urbain et le promoteur s’engage à construire dix immeubles dans lesquels seront relogés les résidents.
Dix ans plus tard, seuls huit des dix immeubles promis sont achevés et moins d’un quart des familles ont effectivement reçu un appartement. Les autres ont été expulsées, certaines réinstallées à une quarantaine de kilomètres de la capitale, dans des conditions précaires et sans aucune opportunité d’emploi.
Mais des irréductibles s’accrochent à Boreil Keila. Cent-soixante-dix familles. Elles ont reconstruit des abris au bord d’un dépôt d’ordure ou vivent dans les cages d’escalier des immeubles où elles auraient dû être relogées.
Ce mercredi 12 février, des représentants de la municipalité de Phnom Penh sont venus mesurer les parcelles qui devraient être attribuées à ces familles : 3 mètres sur 4 !!! La moitié de ce qui avait été promis, et encore… Colère des habitants, qui décident alors d’occuper le bâtiment 9, encore en construction, mais ils y seront toujours mieux que dans leurs cabanes.
Quelques grilles à renverser, des nattes et quelques ustensiles de cuisines posés à même le sol des appartements de béton nu : le déménagement n’est pas bien long.
Et ce matin, une rencontre a eu lieu à la municipalité de Phnom Penh, au cours de laquelle les représentants de la communauté ont tenté de faire valoir leur point de vue. Peine perdue, les délégués sont ressortis bredouilles, indignés des propos de leurs interlocuteurs qui les ont accusés de faire de l’agitation politique !
De retour au bâtiment 9, les squatters sont résolus à ne pas bouger. Ils ont accroché des banderoles aux piliers, nettoyé les ordures au pied de l’immeuble. Et attendent un éventuelle intervention policière… A suivre.