Bresil 2012

Brésil

Les sans terre occupent la fazenda Cedro

Le 21 juin 2012, des militants du Mouvement des travailleurs sans terre (MST) occupent la Fazenda Cedro dont ils réclament l’expropriation.
Comme nombre de grands domaines fonciers de l’état du Para, la Fazenda Cedro s’est constituée à coup de manœuvres frauduleuses, déforestation, raids de pistoleros, expulsions de petits paysans…
En 2008, la fazenda a été rachetée par le banquier Daniel Dantas – lui-même accusé de détournement de fonds, trafic d’influence et corruption. Ce nouveau venu dans la région a les dents longues. A la tête du fond d’investissement Oportunity et de la société Agropecuaria Santa Barbara, il a acquis une cinquantaine de fazendas et règne aujourd’hui sur quelque 600.00 hectares et un cheptel d’un demi million de bovins.

L’occupation de la fazenda n’était pas une action préméditée.
Le 21 juin, les militants du Mouvement des travailleurs sans terre et de Via Campesina manifestent à travers tout le pays contre l’utilisation massive des agro-toxiques. A une quarantaine de kilomètres de Maraba, les sans terre rassemblés devant la Fazenda Cedro sont pris pour cible par ses vigiles. Une douzaine de manifestants sont blessés, mais les autres mettent les tireurs en fuite, investissent les lieux et décident l’occupation.

A la Fazenda Cedro la vie s’organise.
On construit des baraques, dresse des tentes, accroche des hamacs.
Des tours de rôle sont établis pour la préparation des repas, des équipes mixtes constituées pour monter la garde.
Tous les jours, des textes tirés de livres ou de journaux sont lus à haute voix, commentés, discutés.
Et les soirées ne sont pas tristes !
Le Mouvement des Sans Terre est un creuset où se forgent des générations de militants.
L’éducation y occupe une place centrale.
Les femmes aussi.
La démocratie participative s’y pratique au quotidien.
Et dans les campements du MST, d’autres façons de produire, plus respectueuses de l’environnement, sont expérimentées et mises en œuvre, d’autres façons de vivre, plus solidaires, plus justes.

Après deux semaines d’occupation, devant la menace d’une intervention militaire, les sans terre évacuent la Fazenda Cedro.
Ce n’est que partie remise : « La réforme agraire a motivé les luttes de nombreux camarades avant nous, explique Mercedes Queiroz, dirigeante u MST dans l’état du Para, et elle ne va pas s’achever avec notre lutte. La réforme agraire, nous la construisons tous les jours, par notre résistance, par nos campements, par notre production, par notre éducation. Parce que, comme dit le poète : le rêve, notre rêve de terre et de vie digne se fait à la main, avec nos main. Et sans demander la permission ! »