Quezon City. Journalistes, blogueurs, militants des réseaux sociaux et d’organisations progressistes s’étaient donné rendez-vous au rond-point du Mémorial Scout, ce vendredi 19 janvier, pour défendre la liberté de la presse et protester contre la révocation de la licence du site d’information en ligne Rappler.
Ces derniers mois, le site d’information en ligne Rappler avaient, à plusieurs reprises, provoqué l’ire du président Rodrigo Duterte et, en juillet 2017, dans une longue interview à Bloomberg, Maria Ressa, directrice de Rappler, dénonçait les attaques sur les réseaux sociaux et les menaces dont elle était victime de la part des « cyber-guerriers » du président.
Peu de temps auparavant, une étude de l’université d’Oxford (Troups, Tools and Troublemakers) avait confirmé l’existence d’un panel d’activistes pro-Duterte rémunérés pour inonder les réseaux sociaux d’informations plus ou moins fausses et harceler les personnalités considérées comme des opposants.
Maria Ressa, directrice de Rappler (photo en haut à gauche et en bas à droite)
Aujourd’hui, la décision de la SEC* de révoquer la licence de Rappler intervient dans un contexte de durcissement accéléré du régime – rupture des négociations de paix avec l’insurrection communiste, menaces contre la gauche légale (aussitôt suivie d’une recrudescence des exécutions extra-judiciaires), reconduction de la loi martiale à Mindanao, relance d’une « guerre à la drogue » qui, selon Human Right Watch, a déjà coûté la vie à plus de douze mille personnes (petits dealers et victimes collatérales) – et nombre de voix évoquent les similarités de plus en plus nombreuses entre les pratiques de l’actuel président et celles du dictateur Ferdinand Marcos.
* La Security & Exchange Commission (SEC) est un organisme d’état chargé de veiller au respect des lois concernant les investissements étranger dans les entreprises nationales. Sa décision de sanctionner Rappler se base sur la participation d’EBay au capital de la société.