France 2019
Philippines 2018
Brésil 2007
Togo 2014

France, Philippines

1er mai à résidence

Je ne suis pas dans la rue ce 1er mai. Conséquence de la propagation fulgurante d’un virus au nom de bière mexicaine, nous voici confinés, assignés ad libitum à résidence. Nous avons pourtant bien des raisons de le battre, le pavé. Des raisons de taper du poing sur la table, de dire que l’après ne doit pas ressembler à l’avant, en pire. Mais bon…

A défaut de pouvoir photographier le défilé du jour, voici deux images de précédents 1er mai, en France et aux Philippines – et pour étoffer un peu ce diaporama, donner l’illusion d’un tour du monde, j’ajoute (sans commentaire) deux photos de 1er mai plus anciens : Togo 2014, défilé des travailleurs de la zone franche de Lomé ; Brésil 2007, à São Paulo le Mouvement de Travailleurs Sans Toit manifeste avec les organisations de gauche.

Mais revenons en France et aux Philippines…

A Lille (2019), gilets jaunes et syndicalistes se mélangeaient.
A Manille (2018), les deux gauches – la radicale d’obédience communiste et l’autre, altermondialiste ou/et social-démocrate – se retrouvaient côte à côte pour la première fois depuis la chute du dictateur Ferdinand Marcos (1986).
Et à Lille comme à Manille, on faisait des selfies… mais pas seulement.

De la situation en France le 1er mai 2020, je ne dirai rien : le Web francophone est plus que saturé de contributions, au bord de l’indigestion et risque l’overdose, inutile d’en rajouter.

Il n’en va pas de même des Philippines.
L’archipel, même si l’épidémie n’y est pas aussi mortifère qu’en France, est l’un des pays les plus affectés d’Asie du Sud-Est (8.772 cas confirmés, 579 décès). Le confinement y est imposés, les déplacements d’une île à l’autre interdits. Gouvernement et guérilla ont, chacun de leur côté, décrété un cessez-le-feu.

Ce qui n’empêche pas les forces gouvernementales et leurs alliés (paramilitaires, milices patronales) de poursuivre leurs attaques contre les groupes de gauche et les mouvements populaires – les mesures adoptées au motif de l’urgence sanitaire devenant prétexte à répression.
En voici quelques exemples, glanés dans les pages de Bulatlat, site d’information en ligne de la gauche radicale.
– Le 12 mars, jour où le gouvernement décrétait l’état d’urgence sanitaire, une opération policière est conduite contre les squatters d’un quartier d’habitat informel de Pasay (une des municipalités du Grand Manille), jetant 300 familles à la rue.
– Le 26 mars, 42 familles paysannes sont expulsées pour faire place à un projet immobilier dans la province de Bataan (proche de Manille).
– Le 1er avril (quelle bonne blague!), 21 résidents du Sitio San Roque (un quartier d’habitat informel en lutte depuis des années contre sa démolition / à ce sujet voir : Les habitants du Sitio San Roque résistent à l’expulsion) sont arrêtés (rassemblement interdit) alors qu’ils attendaient ensemble une distribution officielle d’aide alimentaire… qui n’est jamais arrivée.
– Le 4 avril, le président Duterte donne pour consigne à la police de ne pas hésiter à tirer et tuer (il les couvrira) les contrevenants aux mesures de confinement – la directive est respectée au pied de la lettre et, dès le lendemain, un homme de 63 ans, apparemment ivre, est abattu à un check-point de la province d’Agusan del Norte (île de Mindanao).
– Le 18 avril, une escouade de gros bras à la solde de la compagnie immobilière Royal Moluccan Realty Holdings Inc. saccage la bananeraie d’une communauté paysanne de la province de Bulacan.
– Le 20 avril, un groupe de six militants du mouvement Anakpawis et un ex-député de gauche (Ariel Casilao), qui convoyaient une aide alimentaire destinée à une communauté rurale de la même province de Bulacan, sont interpellés et détenus durant plusieurs jours.
– Aujourd’hui, enfin, 1er mai 2020, dix femmes (enseignantes, militantes des droits humains) qui participaient à un programme de cuisine communautaire viennent d’être arrêtées dans la banlieue de Manille.