Brèves de manif. Choses vues ou entendues, glanées, ce dimanche 11 janvier, entre Place de la République et Place de La Bastille, ainsi que quelques réflexions notées sur le vif.
J’arrive deux heures en avance Place de la République. La police a déjà bouclé le parcours que doivent emprunter les chefs d’États et autres invités officiels. Est-ce un événement privé ? Comme je n’ai pas de carton d’invitation, on me refoule. Tant mieux : faire des photos en tenant l’appareil d’une main et me bouchant le nez de l’autre n’est pas pratique. Je vais manifester (et photographier) dans l’espace public.
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Manifester est un art de vivre (1). Même quand ça ne change rien – on ne gagne pas à tous les coups, loin de là – manifester change la vie. Ça saute aux yeux pour peu que l’on se donne la peine de regarder. C’est justement mon boulot. Alors je plonge dans la foule. Je cherche à capturer des gestes, des regards. Brefs échanges, parfois. Ça passe par les yeux : surprise, amusement, fierté, agacement… je renvoie un sourire de connivence, un clin d’œil, une mimique – l’air de dire : « oups ! j’ai pas pu m’empêcher de la faire celle-là (de photo) », ou « tu l’as bien cherché »…
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Suggestion de Une pour Charlie Hebdo : Ali Bongo, président du Gabon, marchant pour la liberté de la presse – oui, il faisait bien partie des 51 chefs d’États et de gouvernements venus se montrer à Paris, ce dimanche !!!
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« Pas d’amalgame ! » entre populations musulmanes et fanatiques intégristes.
« Pas d’amalgame ! », même dans la douleur, même sous couvert d’Union Sacrée, entre les défenseurs d’une presse véritablement libre, indépendante des puissances d’argent et ses fossoyeurs qui n’ont de cesse de réduire les aides publiques à celle-ci.
« Amalgame ! » entre terrorisme et Pacte de responsabilité – responsable (il n’est pas tout seul) de l’aggravation du chômage, de la dégradation des conditions de vie dans les quartiers populaires, des coupes sombres dans les budgets des services publics…
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Entendu dans la manif : « s’ils avaient vraiment des couilles, ils s’attaqueraient aux chefs d’États qui défilent à côté… »
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Boulevard Beaumarchais, un type a ouvert les fenêtres de son appartement et diffuse « Nuit et brouillard », de Jean Ferrat, à plein volume : « (…) Ils s’appelaient Jean, Pierre, Natacha ou Samuel, certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vishnou, d’autres ne priaient pas (souligné par moi) mais qu’importe le ciel, ils voulaient simplement ne plus vivre à genou (…) »
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Lu dans la manif : « le crayon est une arme de subversion massive ».
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Liberté de la presse. A la veille de l’attentat qui a décimé sa rédaction, Charlie Hebdo était au bord du dépôt de bilan : qui s’en souciait ? En 2013, le magazine Closer a reçu trois fois plus d’aide de l’état que le Monde Diplomatique. Et François Hollande prétend défendre la liberté de la presse !!!
A lire dans le Monde Diplomatique : « Aide à la presse : le poids des euros, le choc des critères » et « Projet pour une presse libre »
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Manifester est un art de vivre (2). Il ne faut pas chatouiller longtemps les manifestants rassemblés autour de la colonne de Juillet, Place de la Bastille, pour qu’ils se mettent à rire, à danser, à sauter : « Celui qui ne saute pas n’est pas Charlie… »
Breves de la marcha del 11 de Enero y algunas reflexiones apuntadas en el momento.
Llego Plaza de la República con dos horas de anticipación. La policía ya cerró el perímetro donde van a caminar los jefes de estados et ortos invitados oficiales. Seria un evento privado? Como no tengo invitación, me rehúsan el paso. Mejor así: ya que hacer fotos con la cámara en una mano tapándose la nariz con la otra no es fácil! Iré a manifestar (y tomar fotos) en el espacio publico.
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Manifestar es un arte de vivir (1). Aun cuando no cambia nada – no somos victoriosos a
cada vez, de lejos – manifestar cambia la vida. Para convencerse hay solo de mirar. Justamente, es mi trabajo. Así que me integro en la muchedumbre. Busco captar miradas, gestos. Breves intercambios que a veces pasan en los ojos: sorpresa, felicidad, orgullo, irritación… contesto con una sonrisa, un guiño, una mímica.
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Sugestión para una portada de Charlie Hebdo: Ali Bongo, presidente de Gabon, marchando por la libertad de la prensa – Si!!! era de los 51 jefes de estados que habían venido a mostrarse en París!!!
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“No confusión!” entre poblaciones musulmanes y fanáticos integristas.
“No confusión!”, aun en el dolor, aun pretextando Unión Sagrada, entre defensores de una prensa verdaderamente libre independiente de los poderes del dinero y los sepultureros de esta misma prensa.
“Confusión!” entre terrorismo y “Pacto de responsabilidad” (claro que no es solo) responsable de la agravación el desempleo, de la degradación de la condiciones de vida en los barrios populares, de las cortes en los gastos de servicios públicos…
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Oido en la marcha: “si realmente tenían cojones, se atacarían a los jefes de estados que defilan al lado…”
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Bulevar Beaumarchais, un tipo abre una ventana de su departamento y pone a todo volumen la canción “Noche y tinieblas” de Jean Ferrat: “(…) se llamaban Juan, Pedro, Natacha o Samuel, unos rezaban Jesús, Jehova o Vishnou, otros no rezaban, no importa el cielo, solo non querían mas vivir arrodillados (…)”.
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Leído en la marcha: “El lapiz es una arma de subversión masiva”.
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Libertad de la prensa. En la víspera del atentado que décimo su redacción, Charlie Hebdo era al bordo del colapso. Quien se preocupaba? En 2013, la revista people “Closer” recibió tres veces mas de ayuda de estado que Le Monde Diplomatique. Y François Hollande pretende defender la libertad de la prensa!!!
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Manifestar es un arte de vivir (2). No se necesita cosquillar mucho a los manifestantes agrupados en torno a la Colona de Julio, Plaza de la Bastille, para que empiezan a reír, bailar, saltar: “el que no salta no es Charlie…”
I’m Charlie. Short news from the march. Paris, January 11th of 2015.
I arrived Republic Square two hours ahead. Police is already blocking access to the route will use heads of state and other official guests. Is it a private event? As I have no invitation, I’m turned away. Better: taking pictures holding the camera in one hand and plugging my nose with the other is not easy. I will demonstrate (and take pictures) in the public area.
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Demonstration is a lifestyle (1). Even when it does not change anything – we do not win every time, so far – to demonstrate changes life. We only have to look at. That’s precisely my job. So I dove into the crowd. I try to capture gestures and glances. Surprise, fun, pride, irritation… Sometimes, I turn back a smile, a twinkle of an eye, a funny face.
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A suggestion for Charlie Hebdo’s front page: Ali Bongo, President of Gabon, marching for freedom of the press – Yes!!! Indeed, he was part of the 51 heads of state and government whose came to peep out in Paris this Sunday!!!
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« Not confusion! » Between Muslims and fundamentalist fanatics.
« Not confusion! » Even in pain, even under the cover of Sacred Union, between advocates of a truly free press, independent of money’s power and its gravediggers whose constantly reduce public support for it.
« Confusion! » Between terrorism and so called “Responsibility Pact” – responsible (even if not the only one) of growing unemployment, deterioration of living conditions in working-class neighborhoods, public services’ budget reduction…
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Heard in the march: « if they really had balls, they would attack the Heads of States parading right nearby… »
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Boulevard Beaumarchais, a guy opened the windows of his apartment and distributes Jean Ferrat’s « Night and Fog » full volume: « (…) They were called John, Peter, Natasha or Samuel, some prayed Jesus, Jehovah or Vishnu, others were not praying anybody, but no matter the sky, they just did not want to live on the knees (…) »
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Read in the march: « the pen is a weapon of massive subversion ».
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Freedom of the press. On the eve of the attack that decimated his staff, Charlie Hebdo was on the verge of bankruptcy: who cared? In 2013, people magazine Closer received three times as much state support as Le Monde Diplomatique. But president François Hollande claims he defends press’ freedom!!!
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Demonstration is a lifestyle (2). No need to tickle a lot protesters gathering around the July Column, Bastille Square, before they start laughing, dancing, to jumping, « The one who does not jump is not Charlie… »
