Philippines 2018
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Philippines 2018 / General Santos (Mindanao)

Philippines

La reproduction des tricycles

La pêche au thon, c’est bon, la politique, ça va un moment, mais je ne pouvais venir à General Santos sans me pencher sur une affaire autrement épineuse, encore que largement méconnue : la reproduction des tricycles.

Vu l’attention extrême que requiert la lecture d’un article aussi pointu, l’auteur a jugé judicieux d’accompagner son texte de photos plus légères – y compris un autoportrait totalement superflu –, qui ont trait à l’environnement où évoluent les tricycles et sur lesquelles ils ne sont pas forcément représentés.

Tous les chercheurs s’accordent à dire que les premiers tricycles ne sont apparus qu’après l’invention de la roue et probablement pas à General Santos, ni même dans l’île de Mindanao. Qu’importe ! Tout vient à point à qui sait attendre et les spécimens importés par des colons venus du nord de l’archipel trouvent autour de la baie de Sarangani leur terre d’élection. Le climat et la proximité de la mer favorisent, dans les premiers temps, la prolifération de l’espèce. Mais c’est avec l’introduction de variétés à moteur* que les tricycles connaissent un boum démographique tel qu’ils menacent aujourd’hui de dépasser en nombre la population humaine.

Grégaires les tricycles aiment à se rassembler en certains lieux définis : autour du marché, à la sortie des collèges, des bureaux ou des entreprises… Polis, ils s’arrêtent quand vous leur faites signe mais, par une juste répartition des tâches, laissent à leur cavalier le soin de s’enquérir de votre destination et de rendre la monnaie à l’arrivée.
La cavalier, également appelé « conducteur », est le plus souvent un homme, bien que des cavalières commencent timidement à faire leur apparition.
Aucune discrimination de sexe, d’âge, de race ou de religion n’est en revanche observable chez les passagers, dont le nombre peut dépasser la demi-douzaine sans que le tricycle renâcle.

La question qui vient à l’esprit de tout scientifique digne de ce nom quand il aborde un tricycle dans la rue ou au café – ce qui ne manque pas de se produire plusieurs fois par jour à General Santos tant la ville foisonne de cette espèce tripède –, est la question du genre.
Pas facile de s’y retrouver.
Chez ceux qui en ont deux, pas de confusion possible : les mâles sont appelés « vélos » et les femelles « bicyclettes ».
Mais les tricycles ?
Peu au fait des mœurs de l’espèce, j’ai crûment posé la question : tricycle ou tricyclette ?
On m’a regardé d’un sale œil.
Bien que l’homosexualité soit aussi répandue qu’ailleurs et plutôt bien acceptée chez les tricycles, le terme « tricyclette » est considéré comme péjoratif.
On ne m’a pas tenu rigueur pour cette bévue due à mon ignorance et, les premiers moments de confusion passés, les tricycles – et ceux qui les montent – ont répondu sans réticence à mes questions, se refusant toutefois à me laisser photographier leur ébats aussi bien que leurs organes génitaux – très pudiques, les tricycles ne copulent que dans le noir et jamais en public.

* De vétustes tricycles à pédales ont cependant survécu jusqu’à nos jour et continuent de remplir courageusement leur office.