Depuis 2008, quelque 45.000 hectares, près de la moitié des terres agricoles de la commune, ont changé de main.
Village d’Agblata. Trois ans plus tôt, la communauté a en effet décidé de vendre 40 hectares, près de la moitié de ses terres, sur lesquelles, outre le bois de teck, étaient produits du maïs, des haricots, des ignames, des mangues, du coton… « La terre a été vendue et nous avons pris l’argent. Nous avons acheté de la farine, du maïs et partagé dans le village, mais ç’a été vite terminé ». Et plus assez de terre, désormais, pour faire vivre le village qui s’est vidé de près de la moitié de ses habitants, tandis que les parcelles vendues étaient laissées en friche.
Village d’Aroko. Métolicou Wissé, chef du village, a cédé une quarantaine d’hectares appartenant à la communauté. La transaction a été réalisée par un intermédiaire, pour le compte d’un acquéreur dont le vendeur ne connaît pas l’identité, et qui a pour l’instant laissé la terre en friche. Une part de l’argent de la vente a servi à payer l’hospitalisation du chef du village, le reste a été réparti entre les différentes familles et aussitôt dépensé.
Pour l’instant, les paysans d’Aroko ne manquent pas d’espace à cultiver, et cette année ils ont défriché de nouvelles parcelles sur les terres encore disponibles.
Mais le vieux chef du village vient de décider de vendre à nouveau, sans trop se préoccuper du sort de la communauté qui lui survivra.
« Tu vends et tu manges aujourd’hui. Quand tu as tout vendu, il ne reste plus qu’à aller te coucher et ça s’arrête là ! »
Village de Kpota. Ses habitants ne disposent d’aucun titre de propriété sur les terres qu’ils cultivent depuis plusieurs générations… et qui viennent d’être acquisent par le directeur de la gendarmerie nationale.
Celui-ci a entrepris d’exploiter son nouveau dmaine et d’en expulser les occupants.
Les villageois de Kpota se voient ainsi interdire de ramasser du bois, leur dernière récolte de coton a été incendiée, des champs d’ignames ont été détruits et plusieurs paysans arrêtés.