Toute l’histoire de la Colombie est marquée par la violence exercée contre les paysans par de grands propriétaires terriens, qui se sont constitué à leurs dépends de vastes domaines souvent consacrés à l’élevage extensif – ceux-ci couvrent aujourd’hui quelque 39 millions d’hectares, alors que seulement 5 millions d’hectares sont dédiés à l’agriculture.
Les multinationales bananières sont également présentes de longue date sur le territoire colombien. Et aujourd’hui, en Uraba, c’est encore sur le territoire de communautés paysannes qu’elles cherchent à étendre leurs opérations.
Plus récemment, et surtout depuis la dernière décennie, on assiste à la mise en œuvre d’un modèle économique « extractiviste ». Exploitation minière – charbon, or – ou d’hydrocarbures, construction de centrales hydroélectriques, de zones franches ou activités agro-industrielles – surfant notamment sur la vague des agrocarburants1 – sont autant d’activités orientées vers l’exportation, pour lesquelles d’immenses portions du territoire sont concédées à des investisseurs étrangers.
Et quand le président Santos déclare que la Colombie a pour vocation de « nourrir le monde », il oublie de signaler que le pays est aujourd’hui un importateur net d’aliments et l’agriculture familiale et vivrière demeure le parent pauvre des programmes de développement, quand elle n’est pas tout simplement sommée de laisser la place.
Colombie : pas de justice pas de paix. Le 27 août 2012, à Bogotá, le président Juan Manuel Santos annonçait l’ouverture de négociations de paix avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) en présence de représentants du patronat, mais pas du mouvement social. Pourra-t-on mettre fin au conflit armé sans entendre les revendications qui lui ont donné naissance, il y a plus de cinquante ans ? (Maurice Lemoine / Le Monde Diplomatique)
paix avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) en présence de représentants du patronat, mais pas du mouvement social. Pourra-t-on mettre fin au conflit armé sans entendre les revendications qui lui ont donné naissance, il y a plus de cinquante ans ? (Maur
1928, le massacre des bananeraies. En Colombie, à l’aube du XXe siècle, les gisements de pétrole, d’or, de platine et d’autres précieux métaux sont quasiment offerts à des entreprises américaines ou anglaises. De la même façon, on leur cède de vastes territoires pour l’exploitation sans modération de la banane, du cacao, du tabac et du caoutchouc (Hernando Calvo Ospina / Le Monde Diplomatique).