A la radio, sur le net, on se félicite du calme dans lequel s’est déroulé l’Acte XIX des gilets jaunes, en dépit de quelques accrochages en province, à Lille, par exemple, où plusieurs milliers de manifestants ont exprimé leur (bien compréhensible) raz-le-bol…
La surdité du gouvernement aux revendications des gilets jaunes (mais aussi des défenseurs du climat, des lycéens, des enseignants, des syndicalistes), son mépris affiché pour les gueux, ses manœuvres juridico-policières pour restreindre le droit de manifester portent leurs fruits, amers : jamais encore, je n’avais entendu les manifestants scander « Les Black Blocs avec nous », et bien c’est fait. Avec ça des vitrines brisées, taguées : banques, compagnies d’assurance, panneaux publicitaires, agences d’intérim… les cibles n’étaient choisies au hasard et personne n’a cherché à s’interposer ou dissuader les vandales. Qui sème la misère récolte la colère. Et si, dans notre lacrymocratie de marché, faire peur aux nantis reste le seul moyen de se faire entendre, les Blacks Blocs deviendront le bras armé d’une contestation populaire qui s’obstine à battre le pavé tant qu’il est chaud.