Alors que Buenos Aires accueille la grand messe climatique de la COP25 et que nous sommes nombreux (j’espère) à nous préparer à descendre samedi dans la rue, je mets en ligne une sélection d’images réalisées aux quatre coins du monde…
Et plutôt que d’en écrire des tartines – ce ne sont pas les articles, reportages, éditoriaux, bouquins, rapports, mémoires, thèses et foutaises qui manquent sur le sujet –, je me contente de laisser parler mes images. Les deux premières (forêt tropicale dans l’est du Cameroun) ne sont pas liées à un sujet précis, les autres sont issues de reportages : sur les conséquences de l’exploitation minière au Pérou (China Inc, Conga No Va!), au Canada (Mineurs de Vale-Inco : en grève!) et au Brésil (Rencontre internationale des victimes de la compagnie minière Vale), sur l’expansion des cultures brésiliennes de canne à sucre destinée à la production d’agrocarburants (Travailleurs de la canne à sucre), sur l’impact socio-environnemental de l’aménagement du littoral façon promoteurs immobiliers (Sale temps pour la baie de Manille 1 & 2), sur le comblement du Lac Tampoun à l’aide de centaines de milliers de tonnes de sable extrait du lit du Mékong (Cabotage 17 / Phnom Penh – suite), sur la construction de barrages en Amazonie brésilienne (San Antonio, barrage en chantier), sur les brouillards engendrés par les incendies de forêts criminels allumés, en Indonésie, par les compagnies productrices d’huile de palme (Cabotage-8-Pekanbaru), sur l’exploitation pétrolière en Amazonie équatorienne, sur la rencontre alternative à la COP21 de Rio (Sommet des peuples pour la justice sociale et environnementale).
Avant de me taire, je profite toutefois de l’occasion pour dire tour le bien que je pense du livre de Guillaume Pitron : La guerre des métaux rares.
A son propos, j’ai lu certaines critiques reprochant à l’auteur de condamner sans appel des énergies dites « propres » et/ou « renouvelables » et les technologies « vertes » qui vont avec.
Ce que j’entends, moi, à la lecture de « La guerre des métaux rares », c’est plutôt la mise en garde contre l’illusion d’une « transition énergétique » qui se limiterait à promouvoir des technologies dites « propres ». On ne fera pas l’économie d’un changement plus profond, systémique, qui concernera à la fois la distribution des richesses, la façon dont elles sont produites et les modes de consommation (ça, c’est moi qui le dit). Le livre démontre, de façon me semble-t-il convaincante – mais je ne suis pas expert en la matière –, que les dommages climatiques évités « en aval » par les énergies vertes – réduction des émissions de gaz à effet de serre par l’usage de voitures électriques, panneaux solaire, éoliennes… – sont contrebalancés par les dégâts environnementaux occasionnés « en amont » – Guillaume Pitron s’attarde longuement sur la catastrophe écologique que représente l’extraction de quantités toujours plus importantes de métaux et terres rares. Cela signifie-t-il pour autant qu’il faille y renoncer ? Je ne pense pas que ce soit la position de l’auteur. Ce qu’il pointe, en revanche, c’est l’usage pervers qu’en font les promoteurs de « l’économie verte », qui voient dans la crise climatique une opportunité de faire des affaires – je me souviens d’un représentant du patronat brésilien déclarant, lors de la COP21 de Rio : « l’économie a besoin d’investissements, si les États sont disposés à mettre de l’argent dans l’économie verte pour préserver l’environnement, que pouvons-nous demander de mieux ? » A ce jeu-là, on privilégie le nouveau marché de la voiture électrique pour mieux escamoter la réponse autrement satisfaisante que constituerait le développement des transports en commun et leur gratuité ; on promeut les « énergies vertes » pour mieux faire passer le démantèlement et la privatisation des services publics (phénomène qui ne se limite pas à la France mais est observable partout dans le monde) ; on s’abstient de dénoncer les effets de l’obsolescence programmée sur la production de déchets polluants et les stratégies visant à décourager les usagers de réparer plutôt que de jeter et acheter du neuf ; on renonce à faire avancer la recherche dans le domaine du recyclage des métaux et terres rares contenus dans appareils mis au rebut (téléphones, ordinateurs…) car l’extraction des minerais revient moins cher – si l’on ne prend pas en compte les coûts environnementaux et humains.
L’impact du développement exponentiel du numérique et de la demande énergétique croissante qui en découle, les dynamiques géopolitiques à l’œuvre et d’autres questions majeures sont encore abordées dans ce livre – lisez-le –, mais j’ai promis d’être bref et m’arrête là. Rendez-vous à la manif !